Chapitre 4 : Rencontres mouvementées
- Loïck RL
- 7 nov. 2018
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 nov. 2018
Me voilà donc à Guatape, ce petit village à l'est de Medellín. Je descends du bus, et un détail me saute au yeux : mais qu'est-ce qu'il peut y avoir comme touristes ici ! Je savais que c'était un lieu réputé, mais je reconnais que je ne m'attendais pas à voir autant d'Occidentaux d'un seul coup. Mais bon, on m'a dit que ça valait le détour, donc autant en profiter. En effet, ce village avoisinant un immense lac artificiel à la forme indescriptible recèle bien des surprises. Je me perds dans les rues pour découvrir les Zócalos qui sont des fresques sur le bas des murs des bâtiments représentant des scènes de la vie de tous les jours, les activités des occupants du lieu (un billard sur les murs d'un bar par exemple), ou tout simplement pour décorer. Je fais également un tour à la principale attraction du coin, la piedra del peñol, une sorte de roc de 250m surgissant du sol et dominant les environs à des kilomètres à la ronde. Un soir je rencontre même Annette, la Canadienne avec qui j'avais passé la soirée échange culturel à Jardín (voir "Des histoires de chiens"). Après ces deux jours touristiques et après être repassé par Medellín, je me décide à rejoindre ma destination suivante, Cali.
Dans la mesure où je ne suis pas en avance sur le programme que je m'étais fixé, j'opte pour le bus. Là-bas, après ces dix longues heures de transport, une fille au nom de Diana doit me retrouver et m'héberger pour 4 nuits. Au programme nous devons fêter son anniversaire, aller en boîte pour danser la salsa toute la nuit, visiter Cali et aller au cinéma car j'aimerais voir un film dans un pays d'Amérique Latine. Je pense que ça va être un moment inoubliable. M'arrachant à ces rêveries, le chauffeur m'annonce que l'on est enfin arrivé. Diana n'est pas encore là, mais elle me rejoint dans la quinzaine de minutes suivante. Après être passés chez le coiffeur pour une couleur, s'être perdus en chemin, avoir failli rater le dernier bus pour chez elle et mangé une empañada, je pose enfin ma valise, fatigué par cette longue journée. Mais bon, elle n'est pour rien à mon envie de sommeil, je garde donc le sourire. Le lendemain elle a cours, et moi je vais me promener en ville. Cali n'est pas particulièrement charmante je dois reconnaître. Le soir nous n'allons finalement pas au ciné, car c'est maintenant elle qui est fatiguée. Tant pis, j'irai à un autre moment dans un autre pays, ce n'est pas trop grave. À la place je l'aide à faire quelques devoirs de français et à corriger son partiel. Elle me propose alors de venir dans son école d'aviation et de tourisme le lendemain pour rencontrer les profs de français. Je suis carrément motivé, et me retrouve ainsi à suivre des cours de français débutant et à raconter ma vie à ses profs et leurs élèves. J'adore cette journée ! Avant de rentrer, on repasse chez le coiffeur pour finir un truc. Je découvre en discutant avec eux que ce sont des Vénézuéliens en fuite ayant monté ce salon en arrivant là. L'une des employées a 17 ans. Elle a laissé sa famille là-bas, traversé les deux pays seule, avant de commencer à travailler ici. Elle me dit "j'aimerais bien voyager comme toi un jour". Je ne sais pas quoi lui répondre, car nous savons pertinemment tous les deux qu'en l'état actuel de la situation c'est quasiment impossible. Ils me demandent comment sont la France et Paris. Paris. Ici et maintenant, cette ville me semble vivre dans une autre réalité que celle que je vis. Je rigole intérieurement en pensant à tous les petits tracas quotidiens qu'on peut avoir par moment, et qui là me semblent dérisoires.
Sur le chemin du retour, je sens Diana comme tendue. J'ai un mauvais pressentiment, mais je n'ai pas envie de me faire des films non plus. Je lui demande ce qu'il y a et elle me dit qu'on va peut-être aller danser ce soir. Ah ok, normalement ce devait être demain, mais ça ne change pas grand chose après tout ! Elle ajoute par la même qu'elle a gardé de bons contacts avec son ex et qu'il sera de la partie aussi. Drôle de relation, mais je ne juge pas alors pourquoi pas. Il n'empêche que j'ai malgré tout cette petite voix au fond de moi qui me susurre que les histoires d'ex finissent rarement bien. Je chasse ces pensées, il ne faut pas voir le mal partout. Nous arrivons chez elle, et alors que je lave mon linge je me rends compte qu'elle n'est plus là. Peut-être est-elle allée faire des courses pensé-je sans trop y croire. Ah, elle revient. "Tout va bien ?" lui demandé-je. Elle me raconte que son ex petit copain est en colère après elle car elle héberge un garçon, moi en l'occurrence. "Mais ne t'inquiète pas tout va bien !" me répond-elle. Très rapidement je sens que le vent tourne et je flaire une soirée complexe. Elle me dit qu'il vient d'arriver devant la porte pour lui parler de vive voix au lieu des messages et des appels. Elle ressort. Je fais en vitesse mon sac comme si j'allais partir, en me disant qu'au moins, si à 21h je me fais mettre à la rue, j'aurais mes affaires avec moi ! Par moment des éclairs de génie arrivent, et celui-ci en fut un. Car en effet, dix minutes plus tard elle revient, et m'explique qu'elle va me montrer l'hôtel le plus proche. Elle me dit que ce n'est pas de sa faute, que c'est pour ne pas rendre triste son ex. Je lui réponds que je trouve ça surprenant qu'elle obéisse au doigt et à l'œil à un garçon qui, de surcroît, n'est même pas son copain. Bon, et bien il faut croire que l'émancipation féminine a encore du chemin à faire. Elle me donne un peu d'argent pour m'aider à payer l'hôtel. C'est gentil mais ce n'est pas vraiment ce que j'avais espéré initialement. J'aurais plutôt pensé à quelque chose comme par exemple ne pas me faire mettre à la porte à 21h30 dans Cali, une ville pas réellement réputée pour sa sécurité. Dans ma chambre d'hôtel inattendue, je me dis que je vais suivre mon instinct qui me souffle de quitter Cali prématurément le lendemain pour aller à Popayán, une ancienne petite ville coloniale au sud ayant l'air jolie. Tant pis pour la salsa Calinaise, je préfère suivre mon intuition.
Et alors que je m'endors, je réfléchis et souris en moi-même. En fin de compte, cette mésaventure tombe bien ; car sinon, je réalise que je n'aurais pas eu de péripéties vraiment intéressantes à vous raconter dans cet article...
Tu as eu raison d'avoir un peu de méfiance, franchement cette demoiselle manque de caractère, elle a eu peur de la réaction de son ex. Malgré cela c'est juste un ex qui normalement n'a plus rien avoir avec elle. Il doit être très certainement prenant et envahissant, elle aurait dû faire preuve de plus de volonté pour se libérer de lui.
Bonne continuation
Encore de belles aventures mais tout de même: - est ce que c'est toi qui est passé chez le coiffeur pour te faire une couleur ? - danseras tu la salsa durant ton périple ?