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Briser les chaînes du confort

  • Photo du rédacteur: Loïck RL
    Loïck RL
  • 20 févr. 2019
  • 2 min de lecture

  Le petit-déjeuner. Repas le plus important de la journée. Les médecins et les nutritionnistes s'accordent là-dessus : il ne faut pas le sauter et il doit être bien complet. Et du reste, il est tellement agréable. Pour une fois que quelque chose de sain est agréable à faire, pourquoi s'en priver ? Un bon café ou thé bien chaud est si doux pour sortir de la torpeur envoûtante du sommeil. Il aide de nombreuses personnes chaque jour à démarrer la matinée. Combien disent "sans mon café du matin, je ne peux rien faire" ? Peut-être en faites-vous vous-même partie. Il en devient presque addictif de boire ce fameux café, si bien qu'un jour on se sent mal si on ne l'a pas.

    Seulement, l'addiction est purement psychologique. Se persuader qu'il nous est nécessaire est un enfermement de l'esprit ne nous apportant rien, car on en vient à ne même plus savourer ce qui était un plaisir au début. En réalité, bien des choses nous semblent indispensables voire vitales à la maison, où l'on ne manque que de ce dont on n'a pas besoin mais que la publicité nous sert. Jusqu'au jour où, sur la route, on a un problème plus important (un policier corrompu à la douane refusant de nous laisser entrer, une panne de bus dans le désert, pas d'endroit où poser son sac et dormir le soir, etc...). À cet instant, nous ouvrons les barreaux de notre confort pour se préoccuper de l'essentiel : manger, boire, dormir, avoir chaud, arriver à destination. L'adrénaline coule dans nos veines et nous fait goûter à la liberté vraie, celle qui effraie mais qui nous fait prendre conscience de la vie qui est entre nos mains. Les chaînes si rassurantes de notre cocooning quotidien s'ouvrent pour nous faire enfin marcher sans filet. Alors on se sent un aventurier de notre monde et on méprise tous ces instants où l'on s'est plaint sans raison réellement valable. On se dit que là, loin de notre luxe occidental, on a de la volonté et on sait se dépasser, on est en un mot plus fort qu'on ne l'était auparavant.     C'est alors qu'au détour d'un village perdu au milieu de nulle part, une femme d'une maigreur avec qui seule la faucheuse rivalise vous mendie. Elle n'est pas alcoolisée, elle est relativement propre et tient des propos affreusement cohérents. Notre égo ne peut pas se justifier de ne rien lui donner en la méprisant et en étant dégoûté, comme il le fait à l'habitude. Ici, seule la pitié accompagnée de gêne est ressentie. Cette dernière croît à mesure qu'on la regarde et qu'on fait l'énumération de ce que l'on possède, jusqu'au point où elle se tranforme en culpabilité. On se sent coupable d'avoir osé être fier de prétendre sortir de son confort. On s'apprête donc à lui donner une pièce, sentant notre orgueil toucher le fond. À ce moment précis, comme un coup de grâce à notre vanité, elle décline et nous demande si nous ne pourrions pas lui donner de la nourriture à la place. Cette âme, pourtant égale à la mienne, n'a peut-être jamais sentie l'odeur du café du matin sans lequel il m'était impossible de vivre. 

1件のコメント


Marie Christine Elissalde
Marie Christine Elissalde
2019年2月21日

Quel plaisir de te retrouver à travers ces pages et de faire avec toi ce tour d'Amérique Latine! Te voilà philosophe en plus d'une personne sensible que tu étais déjà. Je vais essayer d'arrêter le café un midi par mois, pour voir!!! ¡Diviértate y sigue aprendiendo de los otros!

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